Se Souvenir et être Vigilants Pour ne pas revivre le passé

 




En réaction aux propos racistes et haineux de la Présidente du Front National et à son inadmissible utilisation des symboles de la Résistance au fascisme, le Bureau National de l'ANACR a publié un communiqué que notre journal départemental relaie tant il nous semble urgent de redire avec force que si les individus changent dans ce parti politique d'extrême droite, les idées, elles sont toujours aussi corrosives et dangereuses et que l'ANACR, avec force, continue à les dénoncer comme un risque pour notre démocratie.

C'est le jour anniversaire de l'exécution il ya 67 ans par les nazis au Mont Valérien le 21 février 1944 de 20 immigrés du Groupe Manouchian-Boczov, tombés pour la Libération de la France et la liberté de son peuple aux côtés de 3 Français, que Marine Le Pen a choisi pour stigmatiser les immigrés venus trouver dans notre pays liberté et mieux être en y apportant leur courage et leur intelligence.

Joignant la profanation à l'odieux, Marine Le Pen ose évoquer sans vergogne à cette occasion pour justifier ses propos xénophobes le nom de Jean Moulin qui, tentant le 17 juin 1940 de se suicider pour ne pas être contraint par l'occupant d'accuser faussement des tirailleurs sénégalais, est le symbole même de valeurs humanistes à l'antithèse de celles que véhicule son discours.

L'Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance condamne vigoureusement cette utilisation des mots «Résistance », «patriotes » - ainsi que du nom de Jean Moulin - par un parti dont le nom même de «Front National » est un abus de langage, l'authentique «Front National pour la Libération et l'Indépendance de la France» ayant précisément combattu jusqu'à la Libération - au prix de nombreux morts - ceux dont l'occupation de la France aurait été ­selon Le Pen père - «douce ».

Plus que jamais est nécessaire de se souvenir du combat et de transmettre les valeurs de la Résistance car, nous en avons une preuve de plus par le discours de Marine Le Pen, la « bête immonde » de la xénophobie n'est pas morte.

Paris le 23 février 2011

La Délégation permanente du Bureau National

Cela nous appelle à rappeler que la Poste SA vient d’ouvrir un Hôtel des Postes Marseille-Colbert et que la direction de cette nouvelle Poste fait traîner pour mettre en place des plaques commémoratives des Résistants Marseillais des P.T.T. de 1939 – 1945. Avec ce qui se passe aujourd’hui plus que jamais toutes celles et tous ceux qui sont attachés aux valeurs démocratiques doivent se mobiliser pour que les plaques soient mises à l’entrée de la Poste Colbert le plus rapidement. Nous ne pouvons pas imaginer que la nouvelle Poste restera insensible en n’effectuant pas la démarche qui s’impose d’apposer une plaque commémorative du colonel Jean-Baptiste PETRE à côté de celles de Henri AUZIAS et de Paul COADCCIONI, mais en rappelant aussi sur ce mur du nouvel Hôtel de la Poste Colbert les Résistant-e-s des PTT : Guizard Andrée et Marcel ; Roux Mireille ; Malbosc Louis et Monteil Marcel.

Henri AUZIAS est né à Villevieille dans les Basses Alpes, le 9 avril 1912. Son père est maire de son village, apparenté de droite, conseiller d’arrondissement du canton d’Entrevaux. Il a passé quatre ans au combat pendant la première Guerre Mondiale. Henri a deux frères et une sœur. À quatorze ans il va à l’école primaire supérieure de Digne jusqu’en 1929. Ses parents, très croyants, souhaitent le voir devenir prêtre. Après sa communion l’école des curés le prépare à entrer au séminaire. Mais Henri va prendre une autre voie. Après avoir fait son service militaire, il entre aux PTT en 1929, aux Centre de tri du bureau-gare de Marseille, comme agent manipulant. Il se marie en 1934 avec Augustine Marie Pelas. Ils auront quatre enfants. Les deux premières filles décéderont puis naîtront Josette et Maurice.

Henri adhère au Parti communiste en 1935. Parallèlement, ses camarades de la section des ambulants, l’élisent, en 1937, secrétaire du syndicat CGT des PTT de Marseille. Il deviendra dès le début 1939 le trésorier adjoint de l’Union locale de Marseille et sera ensuite élu à l’Union départementale.

Mobilisé en août 1939 à Avignon, détaché au télégraphe à Creil-sur-Oise, puis à Montpellier, il sera démobilisé après l’armistice. Dès lors, nous sommes en 1940, il poursuit son activité militante au Parti communiste clandestin sous le pseudonyme d’Yves et organise des groupes de base ainsi qu’une équipe spéciale à Marseille. Ces groupes assurent des missions de renseignement. Ils se chargent de la récupération d’armes et de la confection de bombes dans des ateliers clandestins.

Militant communiste connu, Auzias est arrêté à son domicile rue Saint-Régis, par la Sûreté en janvier 1941. Ecroué à la prison militaire du Fort Saint-Nicolas, il est inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes. Le tribunal militaire le condamne à une peine de prison de quatre ans et quatre mois et à 3400 francs d’amende. Le 8 avril 1941 il est transféré à la maison centrale de Nîmes où les conditions de détention sont particulièrement dures. Dans cet univers, Henri Auzias va jouer un rôle important dans l’organisation clandestine de la prison. Il organise des cours syndicaux et politiques ainsi que la solidarité matérielle des détenus politiques face aux prisonniers de droits communs et des surveillants. La liberté de se réunir est ainsi obtenue.

Le 14 juillet 1943, Henri manifeste en portant un ruban bleu-blanc-rouge et en observant une minute de silence, au garde-à-vous, en hommage à deux jeunes résistants guillotinés. Dans ses projets, il y a bien sûr celui de l’évasion. Il est chargé d’obtenir la participation de quelques surveillants en coordination avec la Résistance extérieure. L’une des phases de ce plan d’évasion, l’isolement des liaisons téléphoniques avec l’extérieur en coordination avec un groupe de F.T.P. est sur le point de se réaliser, lorsque les 163 résistants, dont Auzias, sont transférés à Eysses le 15 octobre 1943.

Durant ce transfert, Henri entraîne ses camarades à chanter des airs patriotiques et à crier des slogans de résistance. Ce train sera connu comme celui de la Marseillaise.

À Eysses, Auzias il sera affecté dans le groupe où sont déjà emprisonnés les dirigeants du comité directeur des détenus. Etant responsable avec d’autres camarades du Parti communiste clandestin, il est désigné délégué communiste avec le docteur Fuchs qui est le délégué gaulliste, comme porte-parole des détenus auprès de l’administration de la Centrale.

Dans un livre « Douze fusillés pour la République », voici comment sont décrits les derniers jours d’Henri Auzias. « Homme de coeur,… il défend avec ténacité les revendications de ses camarades : statut de détenu politique,… refus face aux gendarmes mobiles en armes de laisser transférer les internés administratifs aux Allemands. Il supervise l’évasion du détenu politique Fenoglio, pour contacter directement la Résistance, et organise cours et entraînements physiques afin de préparer l’insurrection. Impatient d’agir, il pousse à tenter l’évasion de la dernière chance alors que les brimades quotidiennes du nouveau directeur milicien réduisent à néant tous les acquis et menacent de découvrir l’organisation clandestine patiemment mise en place. Il joue un rôle moteur lors de l’insurrection. Déjà connu du personnel en raison de son rôle de délégué, il est choisi pour négocier au téléphone une reddition acceptable avec le sous-préfet et le directeur de la prison afin qu’il n’y ait pas de représailles. Henri Auzias sait qu’il est en première ligne. Mais il reste serein, courageux, remontant le moral de tous… Le 22 février 1944, il est appelé le premier devant la cour martiale. Avec courage il se dirige vers les GMR qui se jettent sur lui avec brutalité. Il se retourne vers ses compagnons de préau pour leur adresser un dernier salut amical et un large sourire. Il fait preuve d’un courage étonnant face à la mort.

Le verdict est pour lui l’occasion de lancer un véritable réquisitoire contre le régime de Vichy. Il stigmatise ceux qui le condamnent et dans la cour de la prison où il va être fusillé, sa voix forte à l’accent du sud s’élève pour donner le verdict des fusillés contre le directeur de la prison qui a renié sa parole d’officier, et son garde du corps pourtant condamné de droit commun, contre le gardien qui les a dénoncés et contre le chef du peloton d’exécution : « Schivo, condamné à mort ! Dupin, condamné à mort ! Alexandre, condamné à mort ! Lieutenant Martin, condamné à mort ! » Henri Auzias parlait ainsi, lors de ce verdict de la cour martiale, au nom de ceux qui allaient mourir.

Le lendemain, le 23 février 1944, il est fusillé en chantant la Marseillaise et en criant « Vive la France ».


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