HENRI AUZIAS (1912-1944) le résistant des PTT à la maison centrale d’Eysses
Né le 9 avril 1912 à Villevieille (Basses-Alpes), marié et père de deux enfants, Henri Auzias est agent manipulant au tri du bureau-gare de Marseille dès 1929. Il adhère au Parti communiste en 1935. De 1937 à 1939, il est élu secrétaire du syndicat des PTT de Marseille, section des ambulants. Il devient trésorier adjoint de l’union locale de Marseille le 5 mars 1939, puis entre à l’union départementale.
Après sa démobilisation en 1940, Henri Auzias continue de militer au sein du parti communiste clandestin, organise des groupes de base ainsi qu’une équipe spéciale à Marseille.
Militant communiste connu, il est arrêté à son domicile marseillais en janvier 1941 et écroué à la prison militaire Saint-Nicolas de Marseille. Condamné par le tribunal militaire de Marseille, le 19 mars 1941, à quatre ans et trois mois de prison, il est transféré le 8 avril suivant à la Maison centrale de Nîmes. Henri Auzias y joue un rôle prépondérant dans l’organisation clandestine des détenus. En octobre 1943, Auzias est transféré à la Centrale d’Eysses. Sur tout le parcours qui le mène avec ses compagnons de détention à Eysses, il entraine ses camarades à chanter des airs patriotiques et à clamer des slogans de la Résistance.
A Eysses, il devient très rapidement le délégué communiste des internés aux côtés de Stéphane Fuchs, délégué gaulliste comme porte-parole des détenus auprès de l’administration pénitentiaire. Il défend avec ténacité les revendications de ses camarades et obtient de nombreuses libéralités : statut de détenu politique, vêtements civils, partage des colis… Il est également l’un des principaux organisateurs de la tentative d’évasion collective du 19 février 1944 qui se soldera par un échec. Condamné à mort par une cour martiale réunie à Eysses, il est fusillé le 23 février 1944 en chantant La Marseillaise et en criant « Vive la France ». En juillet 1945, son nom fut donné à la rue Saint-Régis à Marseille où il demeurait. Chaque année, les postiers lui rendent hommage à Marseille où il repose dans le cimetière Saint-Pierre.
D’après Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004. Biographie d’Henri Auzias sur le site internet Maitron en ligne.
Renseignements communiqués par Thérèse Dumont, association Basses-Alpes 39-45
1912-1940 : agent des PTT et militant communiste
Henri Auzias est né à Villevieille dans les Basses Alpes, le 9 avril 1912. Son père est maire de son village, apparenté de droite, conseiller d’arrondissement du canton d’Entrevaux. Il a passé quatre ans au combat pendant la Première Guerre Mondiale. Henri a deux frères et une sœur. À quatorze ans, il va à l’école primaire supérieure de Digne jusqu’en 1929. Ses parents, très croyants, souhaitent le voir devenir prêtre. Après sa communion, l’école des curés le prépare à entrer au séminaire. Mais Henri va prendre une autre voie. Après avoir fait son service militaire, il entre aux PTT en 1929, au centre de tri du bureau-gare de Marseille, comme agent manipulant. Il se marie en 1934 avec Augustine Marie Pelas. Ils auront quatre enfants. Les deux premières filles décéderont puis naîtront Josette et Maurice.
Il adhère au Parti communiste en 1935. De 1937 à 1939, il est élu secrétaire du syndicat des PTT de Marseille, section des ambulants. Il devient trésorier adjoint de l’union locale de Marseille le 5 mars 1939, puis entre à l’union départementale.
Mobilisé en août 1939 à Avignon, détaché au télégraphe à Creil-sur-Oise, puis à Montpellier, il sera démobilisé après l’armistice. Dès lors, il poursuit son activité militante au Parti communiste clandestin sous le pseudonyme d’Yves et organise des groupes de base ainsi qu’une équipe spéciale à Marseille. Ces groupes assurent des missions de renseignement. Ils se chargent de la récupération d’armes et de la confection de bombes dans des ateliers clandestins.
ACTE DE NAISSANCE D'HENRI AUZIAS
Le document présenté ici est la copie conforme signée à Villevieille le 1er août 1947 de l'extrait d'acte de naissance d'Henri Auzias rédigé le 9 avril 1912.
Outre la date et l'heure de naissance d'Henri Auzias, nous y apprenons que ses parents se nommaient Firmin Auzias et Marie Eugénie Pline.
En marge de l'acte de naissance figure la mention du mariage célébré le 16 juin 1934 à Marseille entre Henri Auzias et Augustine Pelas.
Auteur : Fabrice Bourrée
ETAT DES SERVICES D'HENRI AUZIAS
Détaillons les différents cadres de haut en bas, à gauche puis à droite.
Le premier cadre détaille l'état-civil de l'appelé : nom, prénom, date et lieu de naissance, domicile, profession, mais aussi l'identité des parents et leur lieu de résidence.
Le second indique la décision du conseil de révision et le classement sur la liste de recensement militaire. Le conseil de révision se réunit dans chaque département. Il se transporte de canton en canton et se prononce sur le sort des jeunes gens recensés au cours de l'année précédente et qui ont été préalablement examinés par une commission médicale. Henri Auzias a été classé dans la 2e partie de la liste, ce qui signifie qu’il sera affecté dans un service auxiliaire et non pas dans un service armé.
Figurent ensuite les états de service et les mutations diverses : Henri Auzias a été incorporé le 20 avril 1933 au 28e régiment du Génie Le 28e régiment du Génie est établit à la Citadelle de Montpellier. C'est le second réservoir de spécialistes des transmissions de la ligne Maginot. Il est affecté aux ouvrages des Alpes. De 1929 à 1939, le régiment se consacre à la formation des sapeurs télégraphistes et contribue à l'installation des réseaux des transmissions dans les secteurs fortifiés des Alpes.
Un an plus tard, il passe dans la disponibilité. Les hommes de la disponibilité et de la réserve sont appelés à des périodes d'exercices. En cas de mobilisation, les hommes de la disponibilité ou des réserves sont tenus de rejoindre leur poste. Henri Auzias se retire alors à Villevieille (Basses-Alpes).
A la déclaration de la guerre de 1939, le 28e Régiment, alors sous le commandement du colonel Chancereil, est dissous. Le centre mobilisateur 28 de Montpellier puis le dépôt de guerre du génie n° 28 lui succède sous le commandement en 1940 du colonel Vize Durant. Suite à la mobilisation générale, Henri Auzias est rappelé à l’activité le 4 septembre 1939 et affecté au dépôt du génie n°7. Passé aux transmissions, il est rattaché au dépôt du génie 28 le 1er mai 1940 puis démobilisé le 21 juillet 1940.
La deuxième partie des états de service concerne ses activités résistantes. « A servi dans les FFI du 9/12/1943 au 23/2/1944 dans les conditions fixées par le décret du 20/9/1944. A été fusillé le 23/2/1944. Certificat d’appartenance n°6007 BRFFCI/Fi-SP en date du 28/2/1952 délivré par le général commandant la 4e région militaire à Bordeaux. Maintenu dans le grade d’homologation de lieutenant à compter du 1/2/1944. » Le décret du 20 septembre 1944 définit le statut des Forces françaises de l’intérieur.
Viennent ensuite trois cadres où figurent les antécédents judiciaires, les campagnes militaires, les blessures, citations, décorations…Le dernier cadre est réservé aux militaires placés dans la disponibilité ou dans la réserve après leur service militaire et renseigne sur les périodes d’exercices effectuées.
Le cadre en haut à droite mentionne le numéro matricule de recrutement, et la classe de mobilisation ; le signalement physique puis le degré d’instruction. Voici le signalement d’Henri Auzias : Cheveux châtains, yeux châtains, front découvert, nez allongé, visage allongé, 1m63. Le degré d’instruction (4) indique qu'Auzias a obtenu le brevet de l’enseignement primaire. Viennent ensuite les différents corps d’affection puis les localités de domicile. On y apprend qu’Henri Auzias s’installe à Marseille le 4 février 1937.
Auteur : Fabrice Bourrée
ARTICLE D'HENRI AUZIAS DANS ROUGE MIDI DU 28 JANVIER 1938
A partir de 1929, Henri Auzias est agent manipulant au tri du bureau-gare de Marseille. Il adhère au Parti communiste en 1935.
En dépouillant le bi-hebdomadaire Rouge-Midi, organe régional du Parti communiste français, nous pouvons retracer le parcours syndical d'Henri Auzias :
- mai 1937 : secrétaire CE auxiliaires, ambulants, Marseille-Gare
- Août 1937 : secrétaire du syndicat des employés des PTT bureau, gare et ambulants, ligne Méditerranée
- Mai 1938 : secrétaire adjoint des employés ambulants
- Mars 1939 : trésorier adjoint de l'Union locale des syndicats de Marseille
Dans ce journal, Henri Auzias écrit plusieurs articles revendicatifs. L'article présenté ici rappelle au nouveau gouvernement de Front populaire les engagements pris dans son programme et revendique une revalorisation des traitements, semaine de 40 heures, titularisation des auxiliaires. Auzias en appelle aussi à la constitution d'un organisme unique regroupant les trois syndicats PTT afin de faire front commun pour obtenir leurs revendications.
Auteur : Fabrice Bourrée
Source : Rouge-Midi, organe régional du Parti communiste français, années 1936 à 1939
1940-1943 : arrestation et condamnation
Militant communiste connu, il est arrêté à son domicile marseillais en janvier 1941 et écroué à la prison militaire Saint-Nicolas de Marseille. Condamné par le tribunal militaire de Marseille, le 19 mars 1941, à quatre ans et trois mois de prison, il est incarcéré du 24 mars au 8 avril 1941 à la prison Saint-Pierre de Marseille. Transféré le 8 avril 1941 à la Maison centrale de Nîmes, Auzias y joue un rôle prépondérant dans l’organisation clandestine des détenus.
LETTRE DE LA DGSN AU SUJET D'HENRI AUZIAS (03/01/1964)
Lettre du commissaire principal, chef de la section administrative de la Direction générale de la sûreté nationale, au commissaire divisionnaire, chef de la sûreté à Marseille, au sujet d'Henri Auzias.
Le 21 décembre 1963, le Préfet des Bouches-du-Rhône sollicite auprès de la Direction générale de la Sûreté nationale, un rapport concernant l'arrestation et l'incarcération d'Henri Auzias à la suite d'une demande d'attribution du titre de d'interné politique émanant probablement de sa famille.
La réponse de la DGSN a été établie à partir des archives conservées au greffe du tribunal des forces armées de Marseille. Ce rapport nous apporte quelques éléments nous permettant d'en savoir plus sur le parcours d'Henri Auzias.
Henri Auzias a été arrêté le 18 janvier 1941 à son domicile marseillais, rue Saint-Régis (aujourd'hui rue Henri Auzias), par la Sûreté de Marseille, en exécution d'une commission rogatoire d'un juge d'instruction militaire en date du 28 octobre 1940.
Le dernier paragraphe mentionne qu'Henri Auzias "était noté au service départemental des Renseignements généraux comme membre du parti communiste". C'est donc certainement en tant que militant communiste notoirement connu qu'Henri Auzias a été arrêté en janvier 1941.
Ce rapport nous renseigne également sur l'incarcération d'Henri Auzias le 21 janvier 1941 à la prison militaire du fort Saint-Nicolas à Marseille. Le 19 mars 1941, il est jugé par le tribunal militaire de Marseille et condamné à 4 ans et trois mois de prison pour infraction au décret loi du 26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes. Le 8 avril 1941, Henri Auzias est transféré à la maison centrale de Nîmes.
ARRESTATION D'HENRI AUZIAS
Cet article de presse du 5 février 1941 nous renseigne sur les raisons de l'arrestation d'Henri Auzias :
"A la suite de distributions de tracts communistes dans les quartiers de la Belle de Mai et de Saint-Laurent, six arrestations ont été opérées et des communistes connus, notamment les nommés Henri Auzias et Jean Leccia ont été appréhendés".
C'est donc le fait qu'il soit un militant communiste notoirement connu qui lui a valut cette arrestation.
Auteur : Fabrice Bourrée
DOSSIER ADMINISTRATIF D'HENRI AUZIAS (MINISTÈRE DES PTT)
Dossier administratif d'Henri Auzias, agent des PTT, suite à son arrestation le 18 janvier 1941.
Ce dossier conservé aux archives nationales (F90-22215 : Direction des affaires communes : dossiers individuels d’agents résistants. 1940- 1945) contient les correspondances échangées entre la direction des services ambulants de la ligne de la Méditerranée et la direction du personnel du secrétariat général des PTT au sujet d'Henri Auzias et sur les mesures disciplinaires à prendre suite à l'arrestation de ce dernier à Marseille le 18 janvier 1941.
Voici les éléments qu'il contient :
- Couverture reprenant la chronologie du dossier : date d'arrestation, date de révocation, date de condamnation et peine prononcée, annulation de la révocation le 3 octobre 1944.
- Courrier de la direction des services ambulants de la ligne de la Méditerranée adressé à la direction personnel du secrétariat général des PTT en date du 30 janvier 1941 dans lequel est annoncée la suspension provisoire d'Auzias dans ses fonctions, avec privation de traitement, à compter du 18 janvier 1941, date de son arrestation pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".
- Note du 13 février 1941 émanant du secrétariat général des PTT et adressée au directeur des services ambulants de la ligne de la Méditerranée demandant de le tenir informé de la suite judiciaire qui sera donnée à l'affaire concernant Henri Auzias et de "fournir tous renseignements utiles sur cet agent qui n'a pas été signalé jusqu'à présent".
- Lettre de la direction des services ambulants de la ligne de la Méditerranée à la direction du personnel du secrétariat général des PTT, datée du 21 février 1941. Ce courrier nous apprend qu'Henri Auzias avait déjà été signalé sur une liste datée du 7 décembre 1940 transmises au Préfet des Bouches-du-Rhône par la direction des services ambulants de la ligne de la Méditerranée, le signalant comme "ayant professé des idées communistes". L'objectif étant de connaître les mesures à prendre vis-à-vis de l'intéressé.
- Fiche reprenant les éléments de condamnation d'Henri Auzias : "condamné à 4 ans et 3 mois de prison et 3.400 fr d'amende pour infraction au décret-loi portant dissolution des organisations communistes (signalé par 3e bureau). Affaire en cours à la discipline. 10/5/41."
- Une note manuscrite émanant de la direction du personnel des PTT demandant "si il est envisagé de relever de ses fonctions M. Auzias". La réponse également manuscrite indique : "cet agent n'a fait l'objet d'aucune proposition de la part du directeur de la Méditérranée. Ce dernier a seulement signalé que l'intéressé figurait sur une liste d'agents communiquée au Préfet des Bouches du Rhône en vue de recueillir son avis sur les mesures à prendre à l'égard des intéressés".
Auteur : Fabrice Bourrée
EXTRAIT DU REGISTRE D'ÉCROU DE LA PRISON SAINT-PIERRE DE MARSEILLE
Extrait du registre d'écrou de la prison Saint-Pierre de Marseille sur lequel figure l'incarcération d'Henri Auzias.
Pour en faciliter la lecture, nous avons divisé ce document en deux parties (recto-verso).
L'écrou est le procès-verbal consigné sur registre constatant qu'un individu a été placé en détention dans un établissement pénitentiaire. Ces registres sont riches d'informations sur le profil et sur le parcours des détenus. Les registres se présentent de façon chronologique, dans l’ordre des mises sous écrou.
L'extrait présenté ici concerne l'incarcération d'Henri Auzias à la prison Saint-Pierre de Marseille, de son arrivée dans cet établissement pénitentiaire à son transfert à la maison centrale de Nîmes. Les renseignements portés sur ce registre concernent :
- son état-civil : Auzias Henri Julien, fils de Firmin et de Pline Marie-Eugénie. Âge : 29 ans.
Date de naissance : 9 avril 1912 à Villevieille (Basses-Alpes)
- sa profession : Manipulant des PTT.
- Des renseignements anthropométriques, parfois extrêmement détaillés : taille (1m62), couleur des yeux, couleur des cheveux, forme de la bouche, du nez, etc. mais également les signes particuliers tels que des cicatrices.
- le motif de sa détention : infraction au décret portant dissolution des organisations communistes.
- la catégorie à laquelle appartient le détenu : Condamné.
- Son dernier lieu d'incarcération : prison militaire (de Marseille)
- le lieu de détention sur lequel il doit être dirigé : Nîmes
Dans cette catégorie des renseignements spéciaux figurent également les éléments suivants :
Condamné le 19 mars 1941 par le tribunal militaire de la 19e Division militaire à quatre ans et trois mois d'emprisonnement et trois mille quatre cents francs d'amende par application des articles 1-3 et 4 du décret-loi du 26 septembre 1939 [dissolution des organisations communistes]. Ecroué le 21 janvier 1941.
- Nature de l'incarcération : passager (ce qui signifie qu'il est en attente de transfert).
- Date d'entrée : 24 mars 1941
- Date de sortie : 9 avril 1941
- Signatures des chefs d'escorte
- Observations : Transféré à Aix pour Nîmes par la voiture cellulaire de Marseille
Auteur : Fabrice Bourrée
1943-1944 : A Eysses
Le 15 octobre 1943, Auzias est transféré à la maison centrale d’Eysses. Sur tout le parcours qui le mène avec ses compagnons de détention à Eysses, il entraine ses camarades à chanter des airs patriotiques et à clamer des slogans de la Résistance. A Eysses, il devient très rapidement le délégué communiste des détenus aux côtés de Stéphane Fuchs, délégué gaulliste. Il devient le porte-parole des détenus auprès de l’administration pénitentiaire. Il défend avec ténacité les revendications de ses camarades et obtient de nombreuses libéralités : statut de détenu politique, vêtements civils, partage des colis… Il est également l’un des principaux organisateurs de la tentative d’évasion collective du 19 février 1944 qui se soldera par un échec. Condamné à mort par une cour martiale réunie à Eysses, il est fusillé le 23 février 1944 en chantant La Marseillaise et en criant « Vive la France ».
D’après Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004. Biographie d’Henri Auzias sur le site internet Maitron en ligne.
Renseignements communiqués par Thérèse Dumont, association Basses-Alpes 39-45
EXTRAIT DU REGISTRE D'ÉCROU DE LA CENTRALE D'EYSSES (HENRI AUZIAS)
Extrait du registre d'écrou de la maison centrale d'Eysses sur lequel figure l'incarcération d'Henri Auzias.
Pour en faciliter la lecture, nous avons divisé ce document en deux parties (recto-verso).
L'écrou est le procès-verbal consigné sur registre constatant qu'un individu a été placé en détention dans un établissement pénitentiaire. Les registres se présentent de façon chronologique, dans l’ordre des mises sous écrou. Chaque détenu fait l'objet d'une notice organisée en huit colonnes, s'étendant sur une double page.
Chaque double page contient les notices de trois détenus. Ces registres sont riches d'informations sur le profil et sur le parcours des détenus.
On y trouve :
1 - Le numéro d’ordre (ou numéro d’écrou) ;
2 - les informations d’état civil, les caractéristiques physiques et le signalement anthropométrique du détenu ;
3 - les peines prononcées à son encontre ;
4 - l’acte de remise du condamné au surveillant-chef de la maison centrale ;
5 - un extrait du jugement en vertu duquel il a été écroué ;
6 - la date de commencement de peine ;
7 - l’époque a laquelle la peine doit se terminer (ou la date selon les registres) ;
8 - la cause et la date de la sortie.
L'extrait présenté dans cette notice concerne l'incarcération à Eysses d'Henri Auzias. Voici les renseignements que l'on peut y relever :
1 - 2459
2- Auzias Henri Julien
Fils de Firmi, et de Pline Marie-Eugénie. Né à Villevieille le 9 avril 1912. Demeurant à Marseille, 15 rue St Régis. Profession : manipulant des PTT. Marié. Degré d'instruction primaire.
3 - 4 ans et 3 mois de prison, 2000 francs d'amende. Remise de 4 mois.
4 - Ce jourd'hui 15 octobre 1943, s'est présenté au greffe de la Maison centrale d'Eysses, le sieur Marche à la résidence d'Eysses porteur d'ordre délivré par M. le Garde des Sceaux sous la date du 15 octobre 1943, en vertu duquel il m'a fait la remise de la personne du nommé Auzias Henri Julien, condamné à 4 ans et 3 mois de prison le 19 mars 1941 ainsi que le constate l'acte de condamnation qui m'a été représenté en extrait, et dont la transcription se trouve ci-contre.
Le dit Auzias Henri Julien ayant été laissé à un garde pour subir sa peine, j'ai dressé le présent acte d'écrou que le sieur Marche a signé avec moi après avoir reçu décharge.
5 - Par le tribunal militaire de la 15e division militaire en date du 19 mars 1941, le nommé Auzias Henri Julien, âgé de 31 ans, né à Villevieille (B. Alpes), demeurant à Marseille, profession de manipulant des PTT, déclaré coupable d'infraction au décret-loi du 26-9-39, a été condamné à la peine de 4 ans et 3 mois de prison et 2000 francs d'amende en vertu des articles du Code.
Le dit a commencé a subir sa peine le 21 janvier 1941 jour du dépôt.
Certifié conforme par le soussigné, greffier de la Maison centrale.
6 - 21 janvier 1941
7 - 21 décembre 1944
8 - Condamné à mort par la Cour Martiale. Exécuté le 24 février 1944 à 11h du matin.
Remis XXXXX Commandant le peloton d'exécution, le nommé Auzias Henri, condamné à mort par la Cour Martiale séant à Villeneuve S/Lot le 24 février 1944. Le Commandant du Peloton d'Exécution.
Auteur : Fabrice Bourrée
LÉON RABINOVITCH TÉMOIGNE DE SON ARRIVÉE À EYSSES EN DÉCEMBRE 1943
Extrait vidéo du documentaire « Eysses, une prison dans la Résistance » (Amicale d'Eysses / IFOREP).
Le film retraçant l'histoire d'Eysses est décidé lors du 40ème congrès en 1985 pour donner un contenu plus historique que celui du livre édité précédemment. Le film tourné à Villeneuve-sur-Lot et à Eysses en février 1986, sort en janvier 1987, sous le titre « Eysses, une prison dans la Résistance ». Il retrace en cinquante deux minutes les victoires remportées dans la prison, le grand dessein : l'évasion du 19 février et son échec, ce qu'était l'esprit d'Eysses, fait de tolérance, de civisme, d'abnégation, tout en le replaçant bien dans le contexte.
Le témoignage de Léon Rabinovitch est recueilli par Anna Dupuis-Defendini dans la cour d'honneur de la centrale d'Eysses. Né en 1919 à Paris, Léon Rabinovitch, membre du bataillon Carmagnole des FTP-MOI, est arrêté à Lyon le 14 août 1943. Jugé par la section spéciale, il est condamné à une peine de travaux forcés et envoyé à Eysses où il est écroué le 9 décembre 1943.
Il témoigne ici de son étonnement, ainsi que de celui de son frère Léopold, lors de leur arrivée à Eysses en provenance de la prison Saint-Paul de Lyon : « Mon arrivée à Eysses ? Avec mon frère Léopold nous étions condamnés aux travaux forcés lui à perpétuité et moi à 20 ans. Nous avions des chaines aux pieds, des chaines aux mains. On se demandait dans quelle centrale on allait arriver et on avait une crainte. Quand nous sommes arrivés dans la centrale nous avons vu deux hommes habillés avec un pantalon en velours, une veste bleue. L'un m'a dit, je suis le représentant du parti communiste ; l'autre me dit je suis le représentant de la délégation gaulliste. On s'est regardé mon frère et moi et on se demandait si on allait dans une centrale ou dans un sanatorium. » Les deux individus dont il est question dans cet extrait sont les deux délégués des détenus : Henri Auzias et Stéphane Fuchs. Ils sont habillés du costume traditionnel des prévôts qui les désignent aux surveillants et à leurs camarades.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Corinne Jaladieu, "Naissance d'une amicale", article non publié. Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours, Editions BGA Permezel
La mémoire d'Henri Auzias
Henri Auzias est décoré à titre posthume de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze le 5 novembre 1946.
Chaque année, les postiers lui rendent hommage à Marseille où il repose dans le cimetière Saint-Pierre. Une plaque commémorative initialement placée dans le hall du bâtiment du centre de tri de Marseille gare, qui n'existe plus, se trouve aujourd'hui dans le bâtiment de la plateforme courrier, 14 rue d'Anthoine à Marseille.
Les villes de Marseille, Villeneuve-sur-Lot et Villevieille lui ont attribué des noms de rues ou de place.
NOM DE RUE À HENRI AUZIAS ATTRIBUÉ PAR LA VILLE DE MARSEILLE EN 1945
Extrait (page 2) des délibérations du conseil municipal de Marseille en date du 19 juillet 1945 attribuant le nom d’Henri Auzias à une rue de la ville (rue Saint Régis).
Le conseil municipal de Marseille, dans sa séance du 19 juillet 1945, présidée par M. Gaston Deferre, maire de Marseille, a décidé de changer les dénominations de certaines rues de la ville pour leur attribuer des noms de résistants. 34 rues de la commune sont ainsi rebaptisées. Parmi les noms attribués figurent notamment Gabriel Péri, Guy Mocquet, Danielle Casanova, Pierre Brossolette ou encore Honoré d’Estienne d’Orves. La rue Saint Régis devient la rue Henri Auzias. C’est en effet dans cette rue qu’Henri Auzias était domicilié avec sa femme Augustine et c’est à son domicile marseillais qu’il fut arrêté en janvier 1941.
PLAQUES EN HOMMAGE À HENRI AUZIAS
La plaque du bas porte l’inscription « 3e arrondissement. Rue Henri Auzias ». C’est lors de sa séance du 19 juillet 1945 que le conseil municipal de Marseille a décidé de changer les dénominations de certaines rues de la ville pour leur attribuer des noms de résistants. 34 rues de la commune sont ainsi rebaptisées. La rue Saint Régis devient la rue Henri Auzias. C’est en effet dans cette rue qu’Henri Auzias était domicilié avec sa femme Augustine et c’est à son domicile marseillais qu’il fut arrêté en janvier 1941.
La seconde plaque a été installée en février 1946 à l’occasion du deuxième anniversaire de l’exécution d’Henri Auzias. Elle porte la mention « A Henri Auzias. 2e anniversaire de sa mort héroïque au service de la France. 23 février 1946 ».
HENRI AUZIAS EST DÉCORÉ DE LA CROIX DE GUERRE À TITRE POSTHUME
Copie conforme de l'ordre général du 5 novembre 1946 attribuant une citation à l'ordre de la brigade et la croix de guerre avec étoile de Bronze à Henri Auzias.
Retranscription :
Le général de division Olleris, commandant la 9e région militaire, cite
A L'ORDRE DE LA BRIGADE
A TITRE POSTHUME
Monsieur Auzias Henri - Lieutenant
Résidant 16 rue Henri Auzias Marseille
Motif : Pour services exceptionnels de guerre rendus au cours des opérations de la Libération de la France.
MORT AU CHAMP D'HONNEUR le 23 février 1944.
Cette citation comporte l'attribution de la croix de guerre avec étoile de bronze.
Marseille le 5 novembre 1946.
PLAQUE DE MARBRE HONORANT LES MORTS DE LA COMMUNE DE VILLEVIEILLE (ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE)
Cette plaque en marbre est fixée sur l'un des murs de la mairie du hameau de Villevieille. Sur cette plaque figure le nom d'Henri Auzias, fusillé à Eysses le 23 février 1944.
Henri Auzias, militant communiste, incarcéré à la maison centrale d'Eysses est fusillé par les GMR dans la cour d'étendage de la centrale le 23 février 1944, et non par les nazis comme mentionné sur la plaque.
Source : http://www.museedelaresistanceenligne.org/expo.php?expo=90&theme=169