Line CECCALDI, une femme engagée, militante de la CGT et du PCF, du XXème siècle
[CECCALDI Ignace, Line, épouse OLIVIERI]
Née le 16 octobre 1918 à Serriera (Corse du Sud) ; employée des postes ; syndicaliste et communiste, secrétaire de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône, membre du comité de la fédération communiste de ce département.
Fille de François Ceccaldi, facteur des postes, et d’Ursule Leca, elle se retrouva à Marseille à l’âge de six mois à la suite de la mutation dans cette ville de son père, devenu ambulant aux PTT, et militant au Parti socialiste. Après des études primaires à l’école du quartier de la Belle-de-Mai, elle fréquenta le lycée Edgar-Quinet jusqu’en 1936, y obtint le brevet élémentaire avec option italien avant de suivre les deux premières années d’études du brevet supérieur. Le 24 juin 1938, elle devenait auxiliaire des PTT. Elle devint un peu plus tard commise aux services financiers.
Line Ceccaldi participa à des actions de soutien logistique à la Résistance pendant la guerre : distribution de L’Humanité ou de La Vie ouvrière clandestine, collectes diverses, frappe du journal La Voix des PTT, établissement de fausses cartes d’identité. Elle adhéra au Parti communiste en 1942, mais reçut sa carte en septembre 1944 seulement. Membre du Bureau clandestin de la Fédération postale, elle participa le 27 mai 1944 à l’organisation de la grève des jeunes télégraphistes du centre Colbert et à la marche de protestation des femmes. Elle se heurta aux forces de l’ordre lors du défilé du 14 juillet 1944 au boulevard de Plombières à Marseille. En tant que membre du secrétariat régional de la Fédération postale après Libération, responsable commission féminine et des affaires sociales, Line Ceccaldi contribua en septembre 1944 à la reconstitution des organisations syndicales des PTT dans les départements de la région (Var, Hautes et Basses-Alpes, Vaucluse, Alpes Maritimes). Elle participa à la campagne pour l’obtention du samedi après-midi libre. Dès 1945, elle devenait secrétaire administrative de la Fédération postale. Elle intervint au premier congrès de la Libération en défendant les salariées femmes, dénonçant en particulier leur titularisation plus tardive. Dans la nuit du vendredi 2 août 1946, hostile au mouvement déclenché nationalement par des syndicalistes non-communistes, elle pénétra en compagnie de Lucien Molino*, Pierre Gabrielli* et Crottier-Combes*, dans le central Colbert et affronta les grévistes de la poste qui l’occupaient. À l’issue du congrès des 4-6 juillet 1947, Line Ceccaldi entra au secrétariat de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône. L’année suivante, elle assura des cours de formation au sein de l’école départementale des cadres syndicaux et accéda au comité de la fédération communiste.
Tout au long de cette période, Line Ceccaldi participa à l’organisation des journées des femmes au début du mois de mars, à celle des défilés du 1er mai et du 14 juillet. Elle reçut en outre, en 1949, la responsabilité du comité d’aide à la Grèce démocratique. S’étant rendue le 21 juillet 1949 à la préfecture de police de Marseille à la tête d’une délégation de femmes de métallurgistes de Port-de-Bouc, elle fut condamnée à un mois de prison avec sursis pour « écart de conduite » envers les forces de l’ordre. Line Ceccaldi participa aussi, en tant que responsable des femmes syndiquées, à la manifestation contre la guerre d’Indochine qui se déroula le 10 janvier 1950 sur la Canebière. Cette année-là, elle assista aux assises départementales de la paix, devint membre du Comité de défense en Provence des persécutés et emprisonnés en Yougoslavie et organisa des actions de solidarité au bénéfice des dockers en grève. À l’automne, elle anima des meetings au sein de divers comités de l’UFF dans le cadre de la « campagne d’action contre la misère, les bas salaires, le chômage et la guerre ».
Ayant la charge d’élever son fils né en février 1951, Line Ceccaldi demanda à ne plus exercer de responsabilités au sein de la direction départementale du parti, restant seulement au secrétariat de l’UD-CGT. Sommée par son administration de tutelle de choisir entre la réintégration dans son service d’origine et un nouveau détachement syndical de six ans, Line Ceccaldi dut reprendre le travail le 16 juillet 1953. Elle participa dès le mois suivant à l’animation des grèves contre les décrets Laniel.
Line Ceccaldi participa par la suite aux grands mouvements du secteur postal. Elle anima, en 1968, la première occupation des locaux du centre de chèques postaux de Marseille et prit part, en 1974, à la lutte contre la privatisation des services de télécommunications. Line Ceccaldi devint par la suite présidente du conseil du restaurant administratif des PTT jusque à sa retraite, le 16 octobre 1978.
Mariée depuis juillet 1972, Line Ceccaldi vécut les quinze premières années de sa retraite à Saint-Roman-de-Malegarde (Vaucluse). Elle fut à cette époque membre du secrétariat, responsable à la propagande et membre du bureau de l’organisation de la section de Vaison-la-Romaine. Militante de France-URSS, elle effectua avec cette association un voyage en Union Soviétique durant l’année 1983. Line Ceccaldi se fixa à Montpellier (Hérault) en 1993 pour se rapprocher de son fils, en poste dans cette ville. Elle milite actuellement au sein de la cellule Gérard Brugeaud et participe aux travaux de la commission de trésorerie de la section de Montpellier. Line Ceccaldi appartient à l’association des vétérans du parti ainsi qu’à celle des retraités de la CGT. Elle n’exerce aucune responsabilité au sein de ces deux organismes. Elle est aussi membre de l’ANACR.
Le 7 août 1985, elle avait été élevée au rang de chevalier de l’ordre national du Mérite au titre de ses responsabilités au sein des femmes travailleuses manuelles et intellectuelles.
SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, dossier 148 W 302, notes des 2 octobre 1950, 2 mai 1951, 11 mars, 4 et 29 avril, 15 juillet 1952. — Carte de combattant volontaire de la Résistance n° 140 536. — Carte d’ancien combattant n° 11 783. — Liste établie le 30 mars 1952 à la suite de l’élection des instances dirigeantes de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône. — Rapport du directeur du port de Marseille, 13 juin 1950. — La Marseillaise, 8 mars 1948, 10 janvier, 4, 7 mars, 13 juin, 8, 15 juillet, 10 octobre 1949, 11, 17, 23, 31 janvier, 3, 5, 20, 27 février, 16, 21 mars, 12 juillet 1950, 2 mai, 29 octobre 1951, 3 mars, 27 mai, 15 juillet 1952, 15 janvier, 30 janvier (photo), 1er et 18 février, 3, 14 mars, 11, 28, 29 mai, 13 juin, 15 juillet 1953, 20 février 1965. — Midi-Soir, 13, 14 juillet 1949. — Le Provençal, 4 août 1946. — Le Midi Syndicaliste, décembre 1952. — Si 47 m’était conté, plaquette collective éditée par l’association Mémoires vivantes des XVe et XVIe arrondissements de Marseille, 1997, p. 6. — Molino (Lucien). Ma vie et mes combats. préf. de Robert Mencherini, Miramas, chez l’auteur, 2000, p. 100. — Guy Roca, La Fédération postale dans la région marseillaise. De la Libération à la scission 1944-1948, Aix-en-Provence, mémoire de maitrises histoire, 2001. — notes Jean-Marie Guillon. — Déclaration écrite envoyée le 21 octobre 1998, révisée le 4 juin 2001.
POUR CITER CET ARTICLE :
https://maitron.fr/spip.php?article19126, notice CECCALDI Line [CECCALDI Ignace, Line, épouse OLIVIERI] par Jean-Claude Lahaxe, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 28 décembre 2020.