Marseille 23 mai 2021 - Cérémonie officielle commémorative de la journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage
Ce dimanche 23 mai a eu lieu au Quai d’Honneur face à l’Hôtel de Ville de Marseille, la cérémonie commémorative de la journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage. Cette commémoration était à l’initiative du Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Préfet des Bouches-du-Rhône, du Maire de Marseille et du Président du Collectif Provence-Alpes-Côte d’Azur pour la mémoire de l’esclavage. Claude RIVIER, Président-Représentant de l’association de la mémoire vivant de l’Hôtel de la Poste Colbert à Marseille, y assistait au nom de l’association. Ceci nous amène à rappeler ce que fut ce combat pour la reconnaissance de l’esclavage par l’Etat Français.
Souvenons qu’il a fallu le bicentenaire de la mort de Napoléon pour qu’enfin les représentants de l’Etat Français accepte d’en parler : la question de l’esclavage, de son abolition en 1794 par la 1ère République, de son rétablissement inique le 20 mai 1802, par Napoléon, puis de sa seconde abolition en 1848 par la 2ème République. Un consta amer, en effet combien le combat est long pour que l’histoire soit connue par toutes les françaises et tous les français, à savoir ce que l’on nomme le grand public.
Il n’est pas question de laisser sous-entendre qu’il y aurait là aucune importation d’un quelconque débat américain.
La traite des Africains, la réduction en esclaves de centaines de milliers de femmes, d’enfants et d’hommes, les préjugés contre la couleur de peau font partie de notre histoire à étudier, à montrer. C’est dans ce sens que la présence de Claude RIVIER, de l’association de la mémoire vivant de l’Hôtel de la Poste Colbert à Marseille, était importante.
Déjà, en 1778, le naturaliste Buffon peut affirmer que « cette couleur noire ne dépend uniquement que des circonstances locales et particulières à certaines contrées où la chaleur est excessive ». Et le savant de continuer en affirmant qu’en quatre générations on peut changer intégralement de couleur. N’importe quelle personne blanche n’est potentiellement qu’une ancienne personne noire et vice versa.
Ce souffle d’universalisme et d’égalité entre les êtres humains va porter la Révolution.
Malheureusement, avec la prise du pouvoir par Bonaparte, avec la pression des lobbies capitalistes, l’esclavage est restauré et d’autres hommes, à la botte du général, utilisent la science pour justifier cette régression.
Julien-Joseph Virey, en 1801, ose écrire que « tout est noir dans le Noir » et que le pire pour l’Européen est cette cohorte de mulâtres qui font dégénérer la race européenne. La raciologie, qui fait du Noir un inférieur, est née.
Qu’en est-il ici et maintenant ? Séparatisme ? Depuis combien de siècles nos compatriotes de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, de la Réunion sont-ils français et inversement invisibles dans la plupart des fonctions publiques ou privées prestigieuses ?
Nous aimerions imaginer ou plutôt se dire que le problème de la race est typiquement américain et que dans son modèle universaliste, la France ne se reconnaît plus dans ce mot.
L’invisibilité des personnes noires aux échelons supérieurs de notre société, dans les médias, les journaux, les partis, les entreprises, les hautes administrations est un fléau qui ne grandit pas notre pays.
Les commémorations des 10 et 23 mai pour la reconnaissance de l’esclavage, la lutte pour son abolition ne doivent pas servir que pour des discours aux contenus ambigus comme cela fut le cas ce dimanche à Marseille de la part de la représentante du Président de la République, Emmanuel Macron. L’histoire n’est pas une mémoire pour rendre douloureux le passé. C’est la meilleure thérapie pour guérir un présent démocratique et universaliste en danger, et une arme pour agir ici et maintenant.