Hommage d’Alain CROCE à Henri EMIREN lors de son départ
Henri EMIREN en 1991 lors
de son départ en retraite.
Le texte d’Alain CROCE qui
lui a rendu hommage pour la CGT et le PCF.
« Notre ami et camarade Henri EMIREN nous a quitté ce 3
août 2013.
Cette nouvelle en a affecté
plus d’un.
Henri, c’était un
personnage de la Poste Colbert ou MARSEILLE R.P. Il formait un duo syndical CGT
avec René COROMINES et rayonnait sur la distribution postale, parmi les
facteurs de l’ensemble des arrondissements de Marseille qui étaient alors
réunis dans le même immeuble rue Colbert.
Henri était affectueusement
surnommé Pépone, inutile le connaissant de dire pourquoi. Tout en lui rappelait
le personnage, ses tirades légendaires, sa bonhommie, son engagement politique.
Mais il était aussi appelé Riton, Ritou ou Riri par les uns et par les autres,
ce qui démontre la sympathie qu’il inspirait.
Henri a été le président du
CSPTT MARSEILLE, club sportif des PTT créé dans les années d’après-guerre,
affilié à la FSGT. Avec Vincent MEMOLI, ils sont à l’origine de sa création. Si
le club a aujourd’hui disparu, il a rayonné sur l’ensemble du département des
Bouches-du-Rhône avec des centaines de licenciés au football, puis dans
d’autres disciplines, devenant omnisports, dans des sections créées dans les
bureaux ou services, ce que n’a jamais pu faire l’ASPTT qui contrairement au
CSPTT, était dirigée par des directeurs, ce que ne voulaient pas les militants
de la CGT à l’origine de sa création.
Ce club, avec ses
camarades, il l’a imposé dans l’administration des PTT d’alors, conquérant de
nouveaux droits pour le « Sport à l’entreprise » qu’il a aidé à
développer avec la FSGT. C’était le sport pour tous et non pas réservé à une
élite. Comme me le rappelait celui qui a été son capitaine fétiche de l’équipe
fanion du CSPTT Colbert de Marseille R.P, Roger BAMOUDROU, Henri était aussi
appelé « le grand coach » par ses joueurs. Il y avait dans ses rangs
quelques joueurs de niveau professionnel, postiers comme les autres comme les TIGANA,
OLIVE, PARRA ou BAMOUDROU. Je me souviens d’un Jeannot TIGANA alors facteur
piaffant d’impatience sur la touche implorant RITOU de le faire rentrer en jeu…
On connait son parcours ensuite, ce qui faisait dire avec humour, que le CSPTT
pouvait être un tremplin pour l’équipe de France. Il a mené son équipe à un
haut niveau alors, avec de remarquables résultats y compris nationaux.
Henri a été également
administrateur du restaurant administratif des PTT Marseille Colbert dès sa
création.
Henri avec ses camarades, a
organisé à Marseille après la guerre, une marche devenue célèbre, présente dans
plusieurs villes de France dont Paris, la « MARCHE DES FACTEURS ». De
nombreux participants venant de toute la région, des milliers de spectateurs
sur le Vieux Port, le journal La Marseillaise comme soutien actif.
Henri a également été avec
son équipe de bénévoles du CSPTT dés sa création par Paul Ricard et Michel
Montana, de ce qui était appelé alors, le MONDIAL RICARD LA MARSEILLAISE A
PETANQUE, un évènement devenu planétaire aujourd’hui devenu le MONDIAL A
PETANQUE. Comme le rappelait notre ami Pierre ANDREIS dans l’émouvant hommage
qu’il lui a rendu dans La Marseillaise, à l’heure ou l’informatique n’existait
pas, le tirage au sort du concours, les fiches d’inscription, le secrétariat du
concours, c’était lui et son équipe du CSPTT.
Henri était également
militant actif du Parti Communiste Français dans le Centre-ville ou dans son
ancien quartier de La Rose, à la Garde à Marseille, dont il a partagé les
combats.
Henri, c’était le
« facteur du Panier » sur le 2ème arrondissement de Marseille. Son
fief, c’était la place de LENCHE où les usagers savaient où rencontrer leur
facteur quand il ne les avait pas trouvés à leur domicile pour leur remettre
l’argent des mandats alors nombreux.
Charles RIBARD, qui ne peut
à regret être présent aujourd’hui, m’a fait parvenir un message. Il évoque et
dit :
« J'ai travaillé
longtemps avec lui, sur le même quartier du Panier, lorsque j'ai remplacé
Santini durant quelques années. Henri, Ange Matteï et Gilbert Jouve sont les
trois personnes qui m'ont appris le métier, où, du moins, la façon de
travailler à la "marseillaise". Notamment les services que l'on
rendait aux usagers, véritables images des missions de service public et des
services de proximité. Ce "rôle social", devenu aujourd'hui une
marchandise, était le fruit de la stabilité de l'emploi et de la qualité de vie
au travail.
Et bien sur, j'ai le
souvenir des repas chez "Charlot", dans un petit bar de la rue
Fontaine des vents, qui n'existe plus depuis des années, mais qui était notre
"quartier général". On y préparait la reddition des comptes avant de
rentrer au bureau.
Henri a beaucoup aidé les
jeunes dans l'apprentissage du métier. On ne parlait pas de justice sociale à
cette époque-là, mais ses actions quotidiennes dans le travail en étaient la
clé de voute …
Henri était un personnage
atypique, à la personnalité bien trempé, droit dans ses bottes et sur ses
pieds. Quand il avait quelque chose à dire, il le disait, sans broncher, quel
que soit l'impact que cela pouvait avoir. Un peu le "César"
Pagnolesque de la RP. Voilà ce dont je me souviens d'Henri. »
C’est cette image telle que
l’a décrite Charles que nous garderons de lui.
Henri EMIREN, c’était un
personnage attachant, estimé de ses collègues de travail, connu dans le milieu
syndical et politique des entreprises à son époque, militant interprofessionnel
à l’UD CGT, militant de l’Union des syndicats CGT des PTT, puis membre de la
commission exécutive du syndicat CGT de la Poste des Bouches-du-Rhône.
Henri a été de toutes les
luttes, de toutes les batailles de la Recette Principale de Marseille, plus
connue sur l’appellation de la Poste Colbert. Sa dernière bataille en tant
qu’actif, il l’a mené peu avant sa retraite en 1991, contre l’éclatement des PTT
dû à la loi QUILES – ROCARD.
Henri a été aussi de toutes
les campagnes menées par le PCF dont il était adhérent jusqu’à ce que ses
forces ne lui fassent défaut. Sa fin de vie ne fût pas facile. Toujours à ses
côtés, son épouse Monique, lui a prodigué jusqu’au bout tous les soins
possibles, entouré par sa famille.
Le syndicat CGT de la
Poste, salue le militant syndical qu’il a été, actif et retraité.
Le Parti Communiste
Français et sa section des Postiers communistes rendent hommage à l’homme
engagé, au militant politique, syndical et sportif qui a fait honneur aux
postiers, au service public, à Marseille et au département.
Monique, Régine, Bernard, à
vous et à vos proches et enfants, nous vous disons notre affection, nous
partageons votre peine, Henri restera présent et à jamais gravé dans nos
mémoires.
Ne meurent que ceux que
l’on oublie dit-on, soyez rassurés, Henri on ne l’oubliera jamais. »